rembrunir

rembrunir

rembrunir [ rɑ̃brynir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1690; de re- et embrunir, de brun « sombre »
1Vx Rendre plus sombre, plus foncé. Littér. Rembrunir qqn, l'attrister.
2Mod. SE REMBRUNIR v. pron. Prendre un air sombre, chagrin. Sa mine se rembrunit. Dès qu'elle le vit, elle se rembrunit. Visage rembruni. N. m. Littér. REMBRUNISSEMENT .
⊗ CONTR. Éclaircir; épanouir, illuminer.

rembrunir verbe transitif (de embrunir) Littéraire. Assombrir quelqu'un, l'attrister : Cette nouvelle l'avait rembruni.rembrunir (synonymes) verbe transitif (de embrunir) Littéraire. Assombrir quelqu'un, l'attrister
Synonymes :

rembrunir (se)
v. Pron. Prendre un air sombre, soucieux. Il s'est rembruni.

⇒REMBRUNIR, verbe trans.
A. — 1. Empl. trans.
a) PEINT. Rendre plus sombre, plus foncé. Synon. assombrir, obscurcir (rare). Je suis étonné que les peintres espagnols aient, en général, si fort rembruni leurs tableaux (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 227).
P. anal., dans le vocab. de la crit. esthét. Quelquefois, quand le caractère d'un passage [de ses messes] serait trop gai et trop profane, Haydn le rembrunit par des accords profonds et ralentissants (STENDHAL, Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p. 137). V. ensanglanter A 2 ex. de Janin.
b) Faire apparaître plus sombre, plus foncé. Ces draperies blanches des Alpes ont d'ailleurs un grand inconvénient; elles noircissent tout ce qui les environne, et jusqu'au ciel dont elles rembrunissent l'azur (CHATEAUBR., Voy. Amér. et Ital., t. 2, 1827, pp. 308-309).
2. Empl. pronom. Devenir plus sombre, plus foncé. Synon. noircir. La tête (...) se détache sur un fond gris, encore plus pâle autour d'elle, et qui, se rembrunissant vers les coins, a l'air de lui servir d'auréole (BAUDEL., Salon, 1845, p. 44).
En partic., vieilli. [En parlant du temps] Se couvrir, s'obscurcir. Anton. se dégager, s'éclaircir. Le temps se rembrunit. Le ciel se rembrunit, l'air s'adoucit, et les arbres cessèrent de faire leur grand bruit dans leurs rameaux dépouillés; la neige tomba (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 61). P. anal. Notre horizon se rembrunit de plus en plus (...) toute espérance d'amélioration future nous échappe, et le plus sinistre avenir seul demeure (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 860).
3. Part. passé adj. Qui est devenu plus foncé, plus sombre. Les tons [des toiles de Poussin], posés d'ordinaire sur une impression rouge qui a repoussé, ont pris un aspect triste et rembruni (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 172). La femelle a des teintes plus rembrunies, la gorge blanc sale, la tête brunâtre (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 131).
B. — Au fig.
1. Empl. trans. Synon. de assombrir.
a) Qqc. rembrunit le visage, les idées (ou un terme appartenant à ces parad.) de qqn, (p. méton.) qqn. Rendre, faire paraître triste, inquiet; contrarier. Synon. attrister, peiner. Ces tableaux touchans (...) avaient singulièrement rembruni mes idées (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 278). Depuis qu'elle était la maîtresse du jeune homme, ces mêmes éloges rembrunissaient son visage, comme ils froissaient son amour (BOURGET, Crime am., 1886, p. 140).
b) Un sentiment rembrunit les traits (ou un terme appartenant à ce parad.) de qqn; (p. méton.) qqn. Apparaître dans l'expression triste, inquiète, contrariée de quelqu'un. Synon. attrister. Le baron, qui se promenait à grands pas, vint s'asseoir; une sévérité glacée rembrunissait son visage (BALZAC, Vendetta, 1830, p. 185).
c) Un sentiment rembrunit qqc. Faire apparaître sous un jour défavorable, triste. La tristesse de l'exil rembrunissait tout à ses yeux [de Bernardin de Saint-Pierre] (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 2, 1836, p. 121).
2. Empl. pronom. Prendre une expression triste, inquiète, contrariée. Synon. s'assombrir. Edmond se rembrunit, pensant à l'addition. Carlotta déjà le devinait: « Écoute, ce soir, c'est mon tour. C'est moi qui paye le dîner... » (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 382). Le visage de Nadine se rembrunit; pendant un moment elle regarda l'horizon d'un air dur et elle se leva brusquement: « Je vais donner son biberon à Maria » (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 543).
3. Part. passé adj. Qui est attristé, inquiet. Vous suivrez donc votre fortune, telle que le sort vous la fera et sans même essayer de la combattre? dit Morel rembruni (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 179). Oisif, rembruni, silencieux, il tournait en rond dans la maison (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 141).
Prononc. et Orth.:[], (il se) rembrunit [-ni]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1690 « rendre plus brun » (FUR.); 2. 1762 fig. part. passé air rembruni (Ac.); 1791 (STAËL, Lettres jeun., p. 455: ta dernière lettre rembrunit sa perspective); 1792 se rembrunir (MARAT, Pamphlets, À Me Pétion, p. 343: je vis son air se rembrunir). Dér. de embrunir; élém. formant re-. Fréq. abs. littér.:155.
DÉR. Rembrunissement, subst. masc. a) Peint. Fait de devenir plus sombre, plus foncé; teinte sombre, foncée de quelque chose. Les Anglais (...) ont cru, en faisant des tableaux enfumés, faire des tableaux vigoureux; ils ont imité le rembrunissement que le temps donne à tous les tableaux (DELACROIX, Journal, 1855, p. 372). b) Littér. Expression de tristesse, de contrariété. Morcerf s'attendait à ces mots à voir s'épanouir la figure du banquier, dont il attribuait le rembrunissement à son silence; mais au contraire cette figure devint (...) plus impassible et plus froide encore (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 277). []. Att. ds Ac. 1694-1878. 1res attest. a) 1690 (FUR.), b) 1846 fig. « état de ce qui est assombri, attristé » (DUMAS père, loc. cit.); de rembrunir, suff. -ment1.
BBG. — GOHIN 1903, p. 347, 367.

rembrunir [ʀɑ̃bʀyniʀ] v. tr.
ÉTYM. 1690; de re-, et embrunir, de em-, brun, et suff. verbal, du sens ancien de brun « d'une couleur sombre et obscure » (Furetière).
1 Vx. Rendre plus sombre, plus foncé. Pron. || Couleurs qui se sont rembrunies.Par ext. Vieilli. || Le ciel, le temps se rembrunit, se couvre de nuages, s'assombrit.P. p. adj. :
1 Candide (…) demanda de quel maître étaient les deux premiers (tableaux). Ils sont de Raphaël, dit le sénateur (…) ils ne me plaisent point du tout; la couleur en est toute rembrunie (…)
Voltaire, Candide, XXV.
2 (…) le coloris est plus clair et le modelé obtenu par des demi-teintes moins rembrunies.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, Collection d'Espagnac.
2 (1762, au p. p.). Sujet n. de chose ou de personne. Rendre triste. Assombrir, peiner. || Ses soucis ne l'ont pas trop rembruni.
——————
se rembrunir v. pron.
ÉTYM. (1768).
Prendre un air sombre, chagrin; s'attrister (→ Mariage, cit. 7). || Son front, sa mine, son visage se rembrunit, perd sa sérénité.
3 Le baron, qui se promenait à grands pas, vint s'asseoir; une sévérité glacée rembrunissait son visage, il regarda fixement sa fille (…)
Balzac, la Vendetta, Pl., t. I, p. 896.
4 (…) le sourire de connivence qu'il apprêtait se figea sur ses lèvres, ses traits se rembrunirent. Il était mécontent du tour que Jacques avait donné à la discussion (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 106.
——————
rembruni, ie p. p. adj.
|| Mine rembrunie. || Air rembruni, tout rembruni. Contrarié, triste.
CONTR. Éclaircir, égayer, épanouir, illuminer.
DÉR. Rembrunissement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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